lundi 28 novembre 2011

La tête à l’envers

Pourquoi mourir encore alors qu’on vient de naître
À la vie à la mort

Sous le rire concave du ciel
Quand la nuit ronge

Que la tête à l’envers sombre sous l’horizon
Lestée d’un poids universel à la mâchoire
Hantée d’un vide universel à la mémoire

Défoncée aux portes des tempes
Un trou criard dans l’occiput

L’imagination peuplée de rêves roses
Qui s’ébattent au marais implacable du sang et de l’eau

Les yeux crevés retournés qui se perdent
Au vertige sans fond de leurs tunnels internes

Et déjà les cils grandissent et blanchissent

Entre les tempes tendues

S’étendent sans fin des steppes de nuit
Barrées à l’horizon par la banquise

Le grand mur blanc sans issue de la nuit

Et la tête engloutie dans la mer des ravages
Meurt de dormir

Roger Gilbert-Lecomte – (1933)

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