Tu es mon amour depuis tant d'années,
Mon vertige devant tant d'attente,
Que rien ne peut vieillir, froidir ;
Même ce qui attendait notre mort,
Ou lentement sut nous combattre,
Même ce qui nous est étranger,
Et mes éclipses et mes retours.
Fermée comme un volet de buis,
Une extrême chance compacte
Est notre chaîne de montagnes,
Notre comprimante splendeur.
Je dis chance, ô ma martelée ;
Chacun de nous peut recevoir
La part de mystère de l'autre
Sans en répandre le secret ;
Et la douleur qui vient d'ailleurs
Trouve enfin sa séparation
Dans la chair de notre unité,
Trouve enfin sa toute solaire
Au centre de notre nuée
Qu'elle déchire et recommence.
Je dis chance comme je le sens.
Tu as élevé le sommet
Que devra franchir mon attente
Quand demain disparaîtra.
1948-1950
[Extrait du recueil de René Char, Recherche de la base et du sommet, éd. Gallimard (Pléiade, p. 762)
Dedans Paris, ville jolie,
RépondreSupprimerUn jour, passant mélancolie,
Je pris alliance nouvelle
à la plus gaïe damoiselle
qui soit d'ici en Italie.
D'honnêteté elle est saisie,
et crois selon ma fantaisie,
qu'il n'en est guère de plus belle
dedans Paris.
Je ne vous la nommerai mie,
Sinon qu'elle est ma grande amie,
car l'alliance se fit telle,
par un doux baiser que j'eus d'elle, sans penser aucune infamie,
dedans Paris.
j'adore, on dirait une chanson...à mon avis, ce sont des iambes.